Andlau

Cour de la Seigneurie, 8 rue du Docteur Stoltz

 

Le projet de création d’un Centre d’Interprétation du Patrimoine (CIP) à Andlau a motivé l’étude archéologique de l’immeuble destiné à l’accueillir, dans le cadre des études préalables à la définition du projet architectural et scénographique. Il s’agit de l’ancien hôtel aristocratique de la famille d’Andlau, construit dans leur ville éponyme en 1582/1583. Les façades du bâtiment sont inscrites à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques depuis le 21 avril 1934. 

L’étude archéologique des élévations, engagée en 2008, s’est poursuivie de façon discontinue jusqu’en 2012 sous la forme d’un accompagnement des travaux de restauration et d’aménagement. Ces campagnes d’étude ont permis d’identifier la répartition et la distribution initiales des pièces d’habitation, mais aussi la fonction de quelques-unes d’entre elles (espaces d’entrée, Stube ou pièces à vivre chauffées, chambres, cuisine, garde-manger, latrines, etc.). Elles permettent donc de restituer, dans une certaine mesure, le cadre et les conditions de vie, de confort et d’hygiène des occupants d’un habitat aristocratique à la fin du 16ème s. Les investigations archéologiques se sont achevées en mai 2012, avec la fouille manuelle fine de la fosse maçonnée de latrines adossées à la façade principale de la Seigneurie. Cette intervention devait répondre à la volonté de la maîtrise d’ouvrage de documenter de façon scientifique cet équipement immobilier, tout en se donnant la possibilité d’alimenter le projet muséographique du CIP au moyen des objets que ces investigations étaient susceptibles de livrer. L’étude du mobilier recueilli devait également apporter des compléments à notre connaissance de l’histoire de la Seigneurie et de ses occupants.



La fosse maçonnée, de plan carré, mesure 2,05 m de côtés. Sa profondeur totale est de 2,24 m par rapport au sol actuel. La construction de la fosse est contemporaine de l’édification de l’immeuble contre lequel les latrines sont adossées. La couche d’utilisation est constituée de sédiments organiques essentiellement composés de matière fécale, mais aussi d’autres éléments, qui témoignent de la fonction secondaire de la fosse, habituelle pour ce type de structure : les latrines étaient en effet fréquemment employées également comme fosses à déchets.
Le mobilier qui y a été recueilli est de nature extrêmement variée et quantitativement abondant : on dénombre en effet 1937 fragments de céramique, environ 6000 fragments de verre (verres à vitre et vaisselle confondus), 1409 restes osseux de faune terrestre, 1200 restes d’ichtyofaune (poissons), 680 restes d’avifaune (oiseaux), 89 objets ou fragments d’objets en métal, 49 restes de terres cuites architecturales, 49 fragments de textiles minéralisés, 26 objets ou fragments d’objets en bois, 17 objets ou fragments d’objets en cuir, de très nombreux restes végétaux (graines, noyaux et coquilles), etc. Ces objets relèvent pour l’essentiel de différents domaines de la vie quotidienne des occupants de la Seigneurie : l’éclairage (verre à vitre), le chauffage (céramique de poêle), la vie administrative et économique (plombs marchands, jeton de compte, encrier, etc.), la vie domestique (vaisselle en céramique, en verre et en métal, alimentation carnée et végétale), la santé et l’hygiène (parasites, récipients de pharmacie en céramique et en verre, vases de nuits, etc.), les accessoires vestimentaires et de parure (objets de filage, de couture et de tricot, restes de textiles, chaussures, accessoires de vêtements, médaille, etc.), les jeux et la lecture (dînettes en céramique et en métal, billes, jetons, restes de papiers imprimés, tirelires, etc.).

Les vestiges immobiliers et mobiliers s’accordent pour témoigner du statut social élevé des usagers des latrines. L’étude de la céramique et du verre apporte en outre de nouvelles informations sur la vaisselle de table de l’aristocratie régionale à la fin du 16ème et dans la première moitié du 17ème s.

 

 

 

 

 

 

 

Type de chantier

  • Fouille programmée

Chronologie

  • Époque moderne

Contexte archéologique

  • Habitat

Dates d'intervention

Du 14/05/2012 au 21/05/2012

Superficie

4 m²

Nature des travaux

  • -

Aménageur

Communauté de Communes du Piémont de Barr

Responsable d'opération

  • Maxime Werlé

Collaborateur(s)

  • Maurice Seiller, Aurélia Borvon, Hubert Cabart, Gaëlle Gautier, Yves Gruet, Matthieu Le Bailly, Olivier Putelat, Oriane Rousselet